Première sub-question : peut-on imaginer des partenariats universitaires, à l’image du programme Erasmus, dans l’ensemble des pays Africains ?
Après s’être excusé de son retard dû à des complications du trafic ferroviaire, M. Patrice ANATO décida d’aborder cette question en proposant une vision positive de la démographie africaine. Si d’aucun serait tenté de craindre que d’ici 2050, plus de 400 millions de jeunes Africains de moins de 30 ans entreront sur le marché du travail alors qu’ils représentent aujourd’hui près de 60% des chômeurs du continent, M. ANATO voit ces chiffres une opportunité à saisir. Il estime que pour tirer profit de cette force de travail extraordinaire, il faut tout de suite amplifier le transfert de compétences entre l’Union européenne et l’Afrique.
A ce titre, il regrette la décision française d’augmenter les frais de scolarité universitaires pour les étudiants non-européens, même si le Conseil constitutionnel est venu modérer cette décision dans un récent avis, avis que M. ANATO juge assez obscure et peu précis. De même, il regrette ce qu’il estime être une absence de conscience de certains pays africains avec « une croissance à deux chiffres », de l’importance de l’éducation.
Ainsi, M. ANATO propose de davantage promouvoir les formations en lignes. A « l’ère du numérique », il considère en effet que l’avantage de ce type de formations est qu’elles permettent de donner la même qualification aux Africains qu’aux Européens, sans engager une migration physique vers l’Europe. Enfin, il rappelle que l’Afrique emprunte cette voie, notamment au Sénégal avec la création d’une université consacrée au numérique qui a vu le nombre de ses étudiants passer de 20 000 à 60 000 en trois ans. Il en conclut donc que les jeunes Africains sont prêts pour ce modèle d’apprentissage.
M. NDIAYE lui emboîte le pas en soulignant les succès de l’Université panafricaine, qui voit de plus d’étudiants arriver. En guise de conclusion, il rappelle encore la nécessité d’investir dans la formation des jeunes Africains, qui représentent aujourd’hui 65% de la population du continent.
Seconde sub-question : quel bilan tirer des aides institutionnelles de l’Union européenne vers l’Afrique ?
M. ANATO regrette la faible part de ces aides destinée à l’éducation (9,8% en sont consacrés à l’éducation et à la santé. Ainsi selon lui, si ces aides portent leurs fruits, elles ne sont pas à la hauteur des besoins de l’Afrique. Dès lors, il estime qu’il faut augmenter ou réorienter ces fonds de manière à mettre l’accent sur la formation technique et professionnelle. En effet, M. ANATO développe l’idée selon laquelle de nombreux grands groupes et entreprises installés en Afrique ont besoin de main d’œuvre qualifiée, qualifications qu’ils ne trouvent pas chez les jeunes Africains. M. ANATO estime donc qu’il faut identifier les besoins de compétence et former la jeunesse africaine à ces compétences, pour les intégrer rapidement et efficacement dans le marché du travail. Donc, les aides européennes sont importantes, mais pas suffisantes, ni à la hauteur.
M. MARTINEZ-GUILLEN poursuivit ce développement en rappelant que même si le cadre financier pluriannuel allait être augmenté, le budget de l’Union européenne était somme toute assez limité. Il regretta d’autant plus cette limitation qu’il s’accorda avec M. ANATO sur le problème que posait l’inadéquation entre l’offre et la demande de qualifications en Afrique.
Ici, M. NDIAYE proposa une vision plus africano-centrée. Après avoir rappelé que l’investissement de l’Union européenne dans l’éducation « était à entendre », il réaffirma surtout que les défis en Afrique devaient être porté avant tout par les Africains, qui devaient créer de bonnes conditions de développement et d’éducation.